Lucy Maud Montgomery me donne des envies d’évasion depuis quelques jours. Récemment, j’ai lu Emily de New Moon, premier tome d’une trilogie consacrée à Emily Byrd Starr. Je ne pensais pas m’aventurer davantage dans les œuvres de l’autrice canadienne après avoir lu Le Château de mes rêves.
J’ai adoré ce roman, vous pouvez d’ailleurs lire ma critique juste ici. Cependant, les œuvres de la native de Clifton sont assez difficiles à se procurer en France, excepté la saga mettant en scène les aventures d’Anne Shirley. Il y a quelques jours, je suis tombée sur un post Instagram (décidément ce réseau aura la peau de mon portefeuille) des éditions de Monsieur Toussaint Louverture annonçant la sortie de L’Ascension d’Emily (tome 2 de la trilogie) pour le 28 juin 2024. La sublime couverture et l’alléchant résumé m’ont donné envie de jeter un œil au premier tome, Emily de New Moon. Et je n’ai pas résisté.
Parlons un peu du livre
L’objet mérite son paragraphe avant de vous parler de son contenu. J’ai été tout bonnement émerveillée par le travail réalisé par Monsieur Toussaint Louverture. La couverture a été illustrée par Midori Kusao, qui avait également réalisé les illustrations des romans dédiés aux personnage d’Anne Shirley. Je ne résiste pas à l’envie (Stéphane Bern, lâchez cette plume !) de vous montrer la dernière page du livre sur laquelle l’éditeur récapitule toutes les étapes de la fabrication du livre. Je n’avais jamais vu cela avant d’ouvrir Emily de New Moon.
Généralement, je me moque un peu de l’aspect d’un livre. La couverture n’est pas mon critère principal. Je privilégie avant tout la qualité de la traduction. Mais je reconnais qu’il est toujours agréable d’avoir entre ses mains un très bel ouvrage. Et puis, les beaux livres font toujours leur petit effet dans une bibliothèque.
Synopsis
Après dix merveilleuses années d’une existence libre et presque magique aux côtés de son père, Emily Byrd Starr se retrouve soudain arrachée à son foyer et confiée à de lointains parents pétris de règles et de traditions dans la digne et rurale demeure de New Moon. Néanmoins, la fillette à l’âme indomptable est capable de faire face à tout, car elle possède un secret : elle écrit. Résumé Emily de New Moon, Lucy Maud Montgomery, trad. Laure-Lyn Boisseau Axmann, éd. Monsieur Toussaint Louverture.
Une pauvre petite orpheline
Emily Byrd Starr est une petite fille âgée d’environ onze ans quand le roman commence. Elle vit dans une petite maison reculée de tout avec son père, ses deux chats – Mike et Sal-la-canaille, et leur servante, Ellen Green.
Les onze premières années d’Emily sont relativement heureuses. Elle a été élevée par un père veuf qui encourageait toujours sa créativité et qui laissait à Emily beaucoup de libertés. Néanmoins, Douglas Starr ne s’est jamais remis de la mort de son épouse, et a contracté la tuberculose. Cette maladie incurable et mortelle a également emporté la mère de Lucy Maud Montgomery quand celle-ci n’était qu’un bébé. L’autrice s’est d’ailleurs grandement inspirée de son enfance pour écrire ce roman qu’elle juge être le meilleur de toute sa production littéraire. L’intrigue se déroule d’ailleurs sur l’Île-du-Prince-Edouard où est née et a grandi Montgomery.
Malheureusement, Emily perd son père et est envoyée vivre chez deux tantes – les demi-sœurs de sa mère – et un cousin dans une ferme appelée New Moon. Son quotidien change du tout au tout, car New Moon, bien qu’étant un endroit très agréable, est dirigé par la sévère Elizabeth, la tante d’Emily. Elizabeth Murray est une femme froide et sévère, qui ne se laisse absolument pas gouverner par ses sentiments. A contrario, la Tante Laura et le Cousin Jimmy sont des êtres doux qui se prennent d’affection pour la jeune orpheline. Elle peut aussi compter sur l’amitié de Ilse – la fille du Dr Burnley -, Teddy et Perry – le garçon de ferme.
À certains égards, Emily de New Moon ressemble à Jane Eyre de Charlotte Brontë. À l’instar de Jane, Emily, qui est sans le sou, est recueillie par des riches parents de sa mère décédée. Emily subit la cruauté d’une institutrice, mais aussi le mépris de certains membres de sa famille, car elle est une Starr et non une Murray. Un passage rappelle d’ailleurs la chambre rouge dans Jane Eyre. Après avoir commis une bêtise, Emily est enfermée dans une chambre sinistre par sa tante.
Emily, se sentant tout à coup minuscule, perdue et seule, les yeux écarquillés par le genre d’effroi que l’on ne devrait jamais percevoir dans le regard d’un enfant, s’adossa à la porte. C’était ce qu’il y avait de mieux à faire : ça lui évitait ainsi de s’imaginer ce qui pouvait s’agiter dans son dos. Et la chambre était si grande et si obscure qu’on pouvait y imaginer une épouvantable quantité de choses. Son ampleur et son obscurité l’emplirent d’une terreur qu’elle ne pouvait combattre. D’aussi loin qu’elle se souvînt, elle avait toujours eu horreur d’être seule dans la pénombre. Elle n’avait pas peur du crépuscule, mais cette obscurité murée et peuplée d’ombres faisait de cette chambre un lieu effrayant. Emily de New Moon, Lucy Maud Montgomery, trad. Laure-Lyn Boisseau Axmann, éd. Monsieur Toussaint Louverture, p. 141-142.
Un roman sur le pouvoir de l’imagination
Emily Starr, avant d’arriver à New Moon, n’avait jamais été mêlée aux autres enfants. Ayant été éduquée par son père, Emily a de la répartie et un certain goût pour l’humour noir. Son imagination est aussi très fertile. La Dame du Vent, par exemple, est une personnification du vent qui balaie l’Île-du-Prince-Edouard. Emily aime particulièrement se balader en pleine nature, en quête de « l’illumination » qui la pousse à coucher sur le papier ses idées, ses histoires, ses poèmes.
Emily aspire à devenir un jour une poétesse pour faire fortune. Mais ce rêve n’est pas partagé par la Tante Elizabeth, qui considère avec scepticisme les écrivains et tous ceux qui ont une imagination débridée, dont le Cousin Jimmy. Emily, à New Moon, n’a d’ailleurs pas le droit de lire. Les romans sont très mal vus par Elizabeth Murray. Néanmoins, Emily parvient à nourrir son esprit grâce à divers stratagèmes, mais aussi à écrire en dépit des moqueries de son horrible institutrice, Mademoiselle Brownell.
Emily écrit des poèmes, mais aussi des lettres adressées à son père, pourtant décédé. La petite fille commet des fautes d’orthographe, utilise des mots dont elle ne connaît pas le sens, seulement parce qu’ils font de belles rimes.
Tante Elizabeth m’a offert un dixionaire. C’est un cadeau utile. Je crois que je vais l’aprécier. Tu vas bientôt remarquer une amélioration de mon ortografe. J’espère. Le problème, c’est que lorsque j’écris quelque chose d’intéressant, je suis tellement emballée que je trouve affreux de devoir m’arrêter pour chercher un mot et vérifier comment il s’écrit. Je suis allée voir ce que professe voulait dire et Mademoiselle Brownell avait raison. Je ne savais pas vraiment ce que ça voulait dire. Ça rimait tellement bien avec paresse, et je pensais que ça signifiait quelque chose comme constater, mais en vérité, ça veut dire proclamer. Emily de New Moon, Lucy Maud Montgomery, trad. Laure-Lyn Boisseau Axmann, éd. Monsieur Toussaint Louverture, p. 228.
Au fil du roman, l’écriture d’Emily s’améliore, notamment grâce au dictionnaire qu’elle consulte.
Le mot de la fin
Est-ce que je vous recommande cette lecture ? Grandement et chaudement ! J’ai rencontré quelques difficultés pour me plonger dans cette lecture. Mais une fois les deux premiers chapitres passés, je ne pouvais plus lâcher ce livre. Je l’ai dévoré !
Ce roman est truffé d’humour, d’ironie, de second degré. Lucy Maud Montgomery raconte avec succès les peines et les joies de l’enfance. J’ai d’ailleurs commandé le deuxième tome, L’Ascension d’Emily, qui paraîtra le 28 juin 2024.
Et vous, avez-vous lu ce roman ? Comptez-vous le faire ?
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