Il y a quelques années, alors que j'étais encore lycéenne (ce qui remonte à loin), j'ai ouvert un blog beauté et je l'ai tenu pendant presque quatre ans. Et puis un beau jour, je l'ai fermé, alors que ce blog avait nécessité des centaines d'heures de travail, avait été un échappatoire, mon passe-temps, mon bébé, mon espace de création, mon défouloir… Revenons aujourd'hui sur cette période.
Retour dans les années 2010: les origines de mon blog
Tout a commencé avec le visionnage d'un tutoriel de maquillage réalisé par la Youtubeuse Sandrea. A l'époque j'étais une lycéenne qui ne savait pas vraiment se maquiller et qui avait besoin des bases pour ne pas ressembler à un pot de peinture. Je ne connaissais pas l'univers de YouTube, je ne savais pas qu'il existait des personnes - comme Sandrea - qui faisaient des vidéos axées sur la beauté, la mode, le bien-être. Mon utilisation de la plateforme, à l'époque, se restreignait au visionnage de vidéos humoristiques, celles postées par Cyprien, Norman ou encore Natoo. Je me souviens que j'étais une adolescente coquette, mais un peu mal dans sa peau, complexée par ses boutons, et je ne savais pas vraiment comment m'en débarrasser. Si jamais vous avez un petit souci de ce côté-là, je vous conseille le soin intense purifiant de la gamme Sébium Global de Bioderma. C'est mon petit côté blogueuse beauté qui revient au galop. Ce soin m'a sauvé la mise, et je l'utilise encore lorsque j'ai une irruption de boutons.
Le visionnage de cette vidéo m'a donné envie d'en voir d'autres, et - de fil en aiguille - j'ai découvert que Sandrea avait une amie qui tenait un blog. Il s'agissait de Melissa Bellevigne qui publiait sur le blog GoldenWendy. Melissa écrivait des articles sur la beauté, mais aussi sur la maternité et l'écriture. J'adorais lire ses billets, voir les jolies photos qu'elle prenait pour illustrer ses contenus et j'ai découvert d'autres blogueuses. La lecture des blogs était devenue mon petit moment à moi. J'aimais connaître l'avis de jeunes femmes de mon âge -ou un peu plus âgées que moi - sur l'utilisation de tel ou tel produit, et j'ai fini par me débarrasser de mon acné grâce aux conseils de youtubeuses et de blogueuses.
Peu à peu, j'ai pris plaisir à prendre soin de moi, à me maquiller, à tester des produits, et un jour je me suis dit: "Et si j'ouvrais à mon tour un blog?" Je n'avais pas envie de me lancer sur YouTube, pas envie de me filmer et de parler à une caméra. Le blogging me semblait être un bon moyen pour parler de mes sujets de prédilection, interagir avec une communauté, etc.
Mon blog a porté plusieurs noms, notamment celui très peu original de Mademoiselle Makeup. Par la suite, j'ai trouvé un nom fixe, mais je ne vous le donnerai pas car, bien qu'il soit fermé à présent, les abîmes d'Internet ont gardé quelques petits souvenirs de mon passage dans la blogosphère.
Mes premiers pas dans l'univers du blogging
Rapidement, j'ai découvert que blogger n'était pas uniquement écrire des articles et les publier. J'ai dû travailler l'identité visuelle de mon blog: apprendre le langage HTML, utiliser certains logiciels créatifs et les réseaux sociaux.
Il existait également à l'époque une plateforme formidable dédiée aux blogueurs et blogueuses pour mettre en lumière leur travail. Il s'agissait d'Hellocoton, qui est devenue incontournable, mais qui a malheureusement fermé en septembre 2019. Hellocoton était un portail web qui permettait de générer du trafic, de découvrir d'autres blogueurs et blogueuses. Il aidait beaucoup pour percer dans le milieu grâce à un algorithme bien plus humain et pertinent que ceux d'aujourd'hui. Cette plateforme ressemblait un peu à un magazine. Chaque jour le site faisait une Une et mettait en avant des articles récemment publiés dans diverses catégories: beauté, lifestyle, culture, littérature, mode, voyages, humeurs, cuisine, décoration, etc. Avoir la chance de figurer en Une du site - ou dans l'une des catégories précédemment nommées - était une aubaine.
Je n'ai jamais fait la Une d'Hellocoton, mais mes articles ont été quelques fois sélectionnés et mis en lumière. J'ai donc pu me constituer une communauté, échanger avec d'autres blogueuses qui découvraient ce que je faisais, lire de nouveaux blogs…
Vous l'avez donc compris, Hellocoton était la plateforme sur laquelle un blog devait être inscrit avant toute chose pour pouvoir se développer.
L'expansion de mon blog
Etape par étape, mon blog s'est développé, s'est amélioré. Je peaufinais l'écriture de mes articles, j'apprenais à prendre de belles photos, à les sélectionner et à les traiter avec des logiciels.
Je n'ai jamais été une blogueuse très connue, mais je suis parvenue à me constituer une petite communauté avec des lecteurs réguliers. J'ai même eu des partenariats avec certaines marques qui m'envoyaient leurs produits, dont Bourjois. Je n'ai jamais été rémunérée pour les articles que j'écrivais, et il n'y avait pas vraiment de conditions quand je recevais un produit pour le tester. Si un cosmétique ne me plaisait pas, je l'écrivais.
Ce qui n'était qu'un passe-temps, à l'origine, est devenu bien plus que ça au fil du temps. Quand j'étais lycéenne, j'organisais mon temps entre mes cours, mes révisions et mon blog. Je consacrais quelques heures dans la semaine à mon blog: prise de photos, écriture d'articles, publication et gestion de mes réseaux sociaux. Quand je suis rentrée à l'université en 2015, je faisais des plannings pour mieux m'organiser. Ainsi, je me souviens que certaines heures de mes lundis étaient entièrement consacrées au blogging, car je n'avais pas cours l'après-midi.
Je ne parlais pas que de beauté sur mon blog, car je n'avais pas envie de me restreindre, que les gens pensent que je n'aimais blablater que sur des mascaras et des rouges à lèvres. Etant étudiante en lettres, je lisais beaucoup et je parlais donc aussi de mes lectures.
Ainsi jusqu'en 2017, ma vie tournait autour de mon blog et de mes études, mais tout a une fin, pas vrai?
La fermeture de mon blog
Je n'ai pas arrêté le blogging sur un coup de tête, mais à la suite d'une période très compliquée de ma vie. Durant l'automne 2016, ma vie a été bouleversée par un événement très difficile. Cette période a été un raz-de-marée dans ma petite existence tranquille. J'étais à l'époque étudiante en deuxième année de licence de lettres classiques et cet événement m'a complètement transformée.
A l'université, j'avais beaucoup de travail, si bien que je publiais moins régulièrement. Mais la passion pour mon blog ne m'avait toujours pas quittée, jusqu'à cet horrible événement qui a tout remis en question.
Je ne vous dirai pas ce qui est arrivé. Peu de personnes dans mon entourage savent ce que j'ai traversé durant cette période, qui est à la fois très précise et très floue dans mon esprit. Elle est souvent un point de repère dans ma vie avec un avant et un après. Cette période m'a à la fois fragilisée et fortifiée. Parfois, il m'arrive même de penser que si je n'avais pas vécu, à ce moment précis, ce que j'avais traversé entre 2016 et 2017, je n'aurais pas été capable de supporter d'autres épreuves de ma vie.
Bref, vous l'aurez compris j'ai été très secouée, et l'une des conséquences de ce chapitre de ma vie a été mon désintérêt total pour ce que je faisais sur mon blog. J'avais travaillé dur pendant presque quatre ans sur mon blog et il ne m'intéressait plus. Je regardais tous mes produits de cosmétique et ils me dégoûtaient. Je me disais: "Mais à quoi ça sert d'avoir trente rouges à lèvres? Je ne porte même pas cette couleur!" Et j'ai fermé mon blog.
Entre 2020 et 2022, vous le savez tous, nous avons vécu la pandémie. A la suite de cette période très compliquée, vous avez sans doute remarqué - si vous suivez un peu YouTube - qu'il y avait eu bon nombre de changements chez certaines youtubeuses, notamment chez Sandrea et Marie Lopez (EnjoyPhoenix). Pour ma part, je ne les suivais plus vraiment depuis un certain temps, car je ne les reconnaissais plus et je ne me reconnaissais plus dans ce qu'elles faisaient. J'étais complètement écœurée par cette consommation à outrance, et elles aussi ont fini par l'être. Mais bien après moi...
YouTube, pendant des années, a été la plateforme où les créatrices de contenu beauté régnaient et prospéraient. Aujourd'hui, les choses ont complètement changé: les influenceuses beauté existent toujours, mais ne sont plus celles que je suivais quand j'étais plus jeune. Et ces nouvelles influenceuses ne sont plus sur YouTube, mais sur TikTok. Et demain, ce sera sur une nouvelle plateforme. La consommation à outrance est bien loin d'être terminée.
Suis-je nostalgique?
Le temps où j'étais une blogueuse beauté est révolu. J'ajouterai même que la personne que j'étais avant est même morte et enterrée. Néanmoins, une petite partie d'elle existe toujours en moi, c'est celle qui aime écrire, coder, bidouiller sur son blog. Mais je n'écris plus du tout sur les mêmes sujets, car ils ne m'intéressent plus. D'ailleurs, je ne me maquille quasiment plus ou très peu. Quand j'étais encore enseignante, je n'avais aucun scrupule à me présenter devant mes élèves sans maquillage avec une crise d'acné. Et quand j'ai envie de me maquiller, je ne passe pas plus de quinze minutes chrono devant mon miroir. Mon budget cosmétique s'est considérablement réduit comme une peau de chagrin.
Néanmoins, il m'arrive d'être nostalgique, car - en y réfléchissant - c'était une chouette période. J'adorais lire des blogs, converser avec des blogueuses, écrire mes articles. Mais je ne suis pas nostalgique du temps où je passais un temps fou dans ma salle de bain, où sortir sans être maquillée était impensable pour moi. A présent, je m'en fous complètement.
De temps en temps, il m'arrive de me demander ce qui se serait passé si je n'avais pas fermé mon blog. Aurais-je ouvert ma chaîne YouTube? Oui, je le pense, j'y aurais été amenée d'une façon ou d'une autre, car les blogs ont connu un sérieux déclin, à mon plus grand regret. A mon époque déjà, il était difficile de rivaliser avec YouTube qui devenait peu à peu un monstre de l'influence. Il y a néanmoins eu une période où le blogging et YouTube étaient complémentaires, mais YouTube a fini par prendre le dessus. C'est le jeu, ma pauvre Lucette! Mais j'aimerais bien qu'une plateforme, comme Hellocoton, renaisse de ses cendres.
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